Chargement de défenses d'ivoire qui vont être détruites, le 21 juin 2013 à Manille - TED ALJIBE AFP |
Les autorités
philippines ont entamé vendredi la destruction de cinq tonnes de défenses
d'éléphants lors d'une cérémonie officielle destinée à prouver la volonté du
pays à se débarrasser de sa réputation de plaque tournante en Asie pour le
trafic d'ivoire venu d'Afrique.
Un bulldozer a brisé
des centaines de défenses disposées sur le parking du Bureau de la protection
de la nature, les Philippines devenant ainsi le premier pays en Asie à éliminer
ses stocks d'ivoire illégale saisis par la police.
"Cet acte souligne
avec force auprès du reste du monde que les Philippines ne tolèreront pas le
trafic illégal d'animaux sauvages", a déclaré le secrétaire à l'Environnement
Ramon Paje.
Ces cinq tonnes
proviennent de quelque 13 tonnes d'ivoire saisies par les douanes philippines
depuis le milieu des années 90. Les huit tonnes restantes, dont la valeur
atteint plusieurs millions de dollars US, ont disparu, probablement volées au
cours des années.
La plupart des stocks
d'ivoire ont disparu lorsqu'ils étaient entreposés au Bureau des douanes, une
agence notoirement corrompue. Un officier du Bureau de la protection de la
nature est en fuite après avoir fait main basse sur quelque 700 kilos de cette
matière précieuse et interdite à la vente.
Les Philippines sont un
des huit pays accusés en mars de ne pas lutter avec détermination contre le
trafic d'ivoire, lors de la réunion du comité permanent de la Convention sur le
commerce international des espèces menacées (Cites).
Ces huit pays comptent
trois pays d'origine (Ouganda, Tanzanie, Kenya), trois de transit (Malaisie,
Vietnam, Philippines) et les deux principaux marchés (Chine et Thaïlande).
Les objets en ivoire
sont notamment prisés en Chine, où ils symbolisent la richesse acquise. Mais
les Philippines en sont également friandes, notamment pour les statuettes de
saints, dans ce seul grand pays catholique d'Asie.
La destruction des
défenses est un des volets de l'action que le pays veut présenter à la Cites
comme preuve de sa bonne foi dans la lutte contre le trafic d'ivoire. Les
Philippines ont également créé une équipe spécialisée dans la lutte contre ce
trafic.
"Les Philippines ne
prendront pas part à ce massacre (des éléphants d'Afrique) et ne seront pas une
étape dans le cycle de ces tueries", a déclaré le membre du gouvernement.
Mary Rice, la
directrice de l'Agence des enquêtes sur l'environnement, basée à Londres, a
fait le déplacement, qualifiant l'événement de «significatif» car il s'agit
d'une première destruction dans un pays d'Asie.
En Afrique, plusieurs
pays ont procédé à des destructions de stocks d'ivoire illégale, en les brûlant
notamment, comme le Gabon en
2012.
Le commerce
international de l'ivoire est interdit depuis 1989. Le trafic a doublé depuis
2007 et plus que triplé depuis 1998, selon un rapport de la Cites et d'autres
organisations spécialisées. Il reste, selon ce texte, entre 420 000 et 650 000
éléphants en Afrique.
La Cites estime à
25.000 le nombre d'éléphants tués en Afrique pour leur ivoire. 2012 devrait
être pire, selon les associations de défense de la vie sauvage.
Les Philippines ont
voulu dans un premier temps brûler les défenses mais y ont renoncé devant les
protestations de défenseurs de l'environnement, qui s'inquiétaient de feux
importants en plein air. Les autorités ont tenté de les broyer avec un
rouleau-compresseur mais elles étaient trop dures. Il a donc été décidé de les
écraser une à une avec un tractopelle. Les débris seront incinérés dans un
crématorium pour animaux.
© 2013 AFP
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