Photo remise le 5 juin 2013 par le département néo-zélandaise de la conversation d'un couple de MauiDEPARTMENT OF CONSERVATION DEPARTMENT OF CONSERVATION |
Il faut sauver le
Maui. Ce dauphin est le plus rare de la planète : il ne reste plus que 55
adultes de cette espèce, qui vit uniquement au large de l'île du Nord de la
Nouvelle-Zélande. Les défenseurs de la vie sauvage pressent donc le
gouvernement néo-zélandais d'agir enfin pour éviter qu'il disparaisse à jamais.
De petite taille (1,7
mètre au maximum), gris et blanc, le dauphin Maui tient son nom d'un demi-dieu
polynésien. Au vu du nombre réduit de survivants, les experts estiment probable
son extinction d'ici 2030 si aucune mesure d'urgence n'est prise. Il n'a été
observé que dans les eaux peu profondes en bordure de la côte occidentale de
l'île du Nord. Et 5 de ces cétacés sont tués tous les ans par les pêcheurs,
lors de prises accidentelles, explique Liz Slooten, professeur de zoologie à
l'Université d'Otago, citant un rapport d'experts commandité par le
gouvernement.
"Ces dauphins sont au
bord de l'extinction. Si on ne fait pas quelque chose tout de suite, jamais ils
ne survivront", prévient-elle. Selon Wellington, les filets maillants, ces
filets de nylon fixés verticalement et laissés dans l'eau pendant de longues
périodes, sont la principale cause de disparition des
dauphins. Les associations écologiques pointent du doigt l'exploitation minière
des fonds sous-marins, y compris la surveillance sismique.
L'an dernier, quelques
restrictions ont été prises en matière de filets maillants et de pêche au
chalut, dans la zone de vie des dauphins Maui. Mais le gouvernement a refusé de
les interdire complètement, comme le recommandait la Commission Baleinière Internationale (CBI). Il a préféré ouvrir une enquête pour la mise en place
d'un programme de sauvegarde, qui doit évaluer les risques pour les dauphins et
ceux encourus par "les communautés de pêcheurs si la pêche est interdite".
L'enquête a pris fin en novembre mais rien n'a été annoncé et le gouvernement
est accusé d'immobilisme.
"Le temps est un
facteur essentiel avec des populations aussi basses, leur nombre peut chuter
d'un coup", s'inquiète Karli Thomas, membre de Greenpeace. "Nous
craignons que le gouvernement fasse trainer les choses jusqu'à un point de
non-retour. Attendre qu'on n'en parle plus, faute de survivant, n'est pas une
solution". Le Maui est à l'ordre du jour de la réunion du comité scientifique
de la CBI, qui se tient actuellement et jusqu'au 15 juin à Jeju, en Corée du
Sud.
Sur la côte de l'île
nord néo-zélandaise, les pêcheurs démentent être la cause de la disparition du
mammifère marin. Ils se voient comme le bouc émissaire des défenseurs de
l'environnement. En 25 ans, il n'y a eu qu'un seul dauphin Maui pêché par accident, assure Keith
Mawson, un représentant de l'industrie de la pêche de cette région. Et encore,
il s'agissait sans doute d'un cousin du Maui, le dauphin Hector, assure-t-il.
C'est son industrie
qui est menacée de disparaître si les restrictions à la pêche se multiplient,
alors que sont ignorées d'autres causes potentielles de la mort prématurée des
cétacés, telles que la toxoplasmose des dauphins, déclare ce propriétaire d'une
usine de transformation de poissons.
L'affaire du dauphin
Maui nuit à l'image de la Nouvelle-Zélande, réputée pour sa nature sauvage et
intacte. Le pays, qui vante ses paysages "100% purs" dans les campagnes
touristiques à travers le monde, doit agir rapidement, estime la Société pour
les mammifères marins. L'inaction de Wellington risque de lui valoir une image
d'hypocrite, selon Liz Slooten. "Les Japonais n'ont pas manqué de noter que
nous les critiquons pour la pêche à la baleine, quand il en reste beaucoup de
par le monde, mais nous ne bougeons pas le petit doigt pour sauver nos
propres dauphins de l'extinction".
© 2013 AFP
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